Les crypto-monnaies nourrissent bien des illusions et la simple évocation de ces monnaies virtuelles (Bitcoin, Ethereum, Ripple, Stellar, Cardano…) peut parfois conduire à certains excès.
L’eldorado suscité par cette nouvelle manne au cours des 3 dernières années a en effet fait couler beaucoup d’encre. Les médias ont de nombreuses fois souligné les effets néfastes des crypto-monnaies (énergivores, opaques, faillibles…) et mené des actions de contre-propagande auprès du grand public concernant ces crypto-actifs historiques. Les transactions réalisées en crypto-monnaies ont été multipliées par 6 en l’espace de 4 ans et ce phénomène pourrait continuer à s’accentuer dans les années à venir.
Volume de trading en Bitcoin (équivalence USD) par jour
Source : Blockchain.com
Selon les analystes américains d’Equity Research, le marché des crypto-monnaies pourrait être multiplié par dix d’ici à 2025 en terme de volume.
Les gains jusqu’alors amassés par les détenteurs de crypto-monnaies sont de nature à rendre jaloux les traders des principales places financières mondiales (plus de 1000% pour le Bitcoin sur l’année 2017). Une telle volatilité étant purement spéculative, le cours de cette monnaie virtuelle a finalement chuté en 2018 pour atteindre un seuil à 3.225 $ mi-décembre 2018 mais le Bitcoin à finalement repris des couleurs pour atteindre 4.129 $ fin décembre 2018. La tendance repart à la hausse en 2019, après une légère baisse sur le mois de janvier 2019 (cours du Bitcoin chute à 3.417 $) le Bitcoin remonte progressivement pour atteindre début Mai les environs de 5700 $.
Evolution du cours du Bitcoin (équivalence USD)
Dans ce contexte, la question est de savoir quel sera l’avenir de ces crypto-monnaies, si elles peuvent devenir un substitut aux monnaies officielles et s’il est légitime de vouloir les réguler.
Le Bitcoin en quelques dates
JP Morgan : Une banque précurseur dans la crypto-monnaie
La plus grande banque américaine en termes d’actifs sous gestion et première banque au monde de par sa capitalisation boursière, a lancé en Février 2019 sa propre crypto-monnaie (JPM Coin). En réalité, un token adossé à une technologie blockchain et indexé sur le dollar. Ce crypto-actif sert notamment dans le cadre de transferts instantanés entre les comptes d’institutionnels, d’autres banques ou de grandes entreprises clientes de JP Morgan.
La régulation des crypto-monnaies éviterait bien des dérives…
Comme pour toute innovation, les fraudes sont nombreuses et cela n’échappe pas aux crypto-monnaies qui attirent bon nombre d’investisseurs. Des acteurs parfois peu recommandables avec de fortes espérances de rendement. La régulation permettrait d’encadrer certaines pratiques et ainsi de renforcer la certification des plateformes d’échanges et des projets associés.
Parfois, le projet porté par les nouvelles crypto-monnaies est bancal et n’est pas réellement adossé à un projet concret. Les principaux arguments en faveur d’une régulation des crypto-monnaies résident principalement dans la lutte contre le blanchiment d’argent, la fraude fiscale et les activités illégales en général.
De plus, les nombreuses arnaques et autres piratages de sites/plateformes ont eu comme conséquence de dépouiller les détenteurs de monnaies virtuelles sans que ceux-ci puissent se retourner contre leurs dépositaires, à la différence d’une banque classique qui prévoit un seuil quant au remboursement de sommes perdues sur un compte courant en cas d’hacking ou phishing.
D’après l’AMF, en moyenne, un particulier à perdu 25.000 euros liés à des fraudes réalisées via des plateformes malveillantes. Ceci ressort d’une analyse menée sur 35 dépôts de plaintes enregistrées et traité auprès de la médiation de l’AMF dont les pertes oscillent entre 500 euros et 104.000 euros.
En général, les fraudes sont révélées au grand jour, lorsque les épargnants souhaitent retirer leur capital préalablement amassé sur des plateformes. De plus, la majeure partie du temps, une taxe non justifiée est annoncée à l’épargnant pour avoir la possibilité de récupérer son magot…
Ainsi, dans la continuité des mesures de protection des investisseurs (MiFID II), il serait logique de définir un cadre légal dans lequel on puisse certifier, assurer, contrôler les sommes investies sans que celles-ci ne puissent s’évaporer dans la nature. Le statut PSAN (prestataires de services d’actifs numériques) prévu par la loi Pacte en Avril 2019 est un premier pas dans la protection des épargnants quand aux plateformes d’échanges de crypto-monnaies.
Mais la régulation des crypto-monnaies pourrait ‘tuer le marché’…
Le nombre de crypto-monnaies est certes impressionnant (plus de 1500 crypto-monnaies aujourd’hui répertoriées selon le site « cryptoencyclopédie.com ») mais la crédibilité de certaines restent à démontrer car il ne s’agit généralement que de ‘coquilles vides’ (sans véritable marché ni liquidité). Bien qu’adossées à des devises de référence (euro, dollar…), les crypto-monnaies sont également un moyen de spéculation fort… En 2017, l’apogée du Bitcoin a donné envie aux particuliers de se lancer dans l’aventure avec un budget restreint, le feraient-ils aujourd’hui dans un marché régulé (comme pour d’autres instruments financiers) ?
Et si on régulait juste un minimum ?
En toute logique et afin de permettre un développement durable du marché, la régulation des crypto-monnaies ne doit pas être totale mais doit définir un cadre, c’est-à-dire les modalités de certification des distributeurs de cette nouvelle économie sans pour autant brider les acteurs de la place et le potentiel de développement qui en résulte. Les crypto-monnaies sont vues par certains comme une révolution digitale ou un moyen alternatif d’échange, de paiement et de fluidité que les monnaies classiques ne permettent pas.
La régulation doit donc permettre de rassurer les investisseurs tout en préservant un cadre favorisant la forte croissance du secteur.
Peut-on s’attendre à une substitution des monnaies souveraines par des crypto-monnaies ?
Les différents acteurs de la place se posent de telles questions quant à la possibilité de voir les crypto-monnaies inonder le marché des transactions bancaires et ainsi détrôner les monnaies souveraines… Dans la mesure où le nombre de transactions en crypto-monnaies reste bien largement inférieur à celui des transactions classiques (80 transactions par minute en Bitcoin alors que Visa et Mastercard enregistrent chacune plus de 100 000 transactions par minute), les monnaies souveraines sont aujourd’hui loin d’être mises en danger. Malgré tout, des anticipations nationales et internationales sont en train d’émerger pour encadrer les transactions et les échanges liés à ces crypto-monnaies.
Conclusion
Si les régulateurs décident de fixer des règles pour les monnaies virtuelles, il y a de fortes chances que les investisseurs actuels s’en détournent très vite. En effet, qui souhaiterait investir dans un marché en relative maturité mais qui ressemblerait à une place boursière bis ? Je suis intimement persuadé que les crypto-monnaies vont encore fasciner les investisseurs, pendant un bon nombre d’années, mais que celles-ci pourraient ne plus être un investissement phare si la réglementation est trop contraignante.
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Benjamin FRADET
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